Per un’organizzazione mondiale delle lingue.

venerdì 25 giugno 2004

Il versante linguistico della mondializzazione è ad immagine dell’opposizione tra libero-scambio e protezionismo.

Per una organizzazione mondiale delle lingue

Di Louis-Jean CALVETTutte le lingue ufficiali dei 25 Paesi membri dell'Unione Europea hanno gli stessi diritti, lo stesso statuto, il che pone un certo numero di questioni. Il problema è contemporaneamente una patata bollente che tutti si passano e una bomba ad orologeria che finirà eccome per esplodere. Si è sottolineato il costo elevato della traduzione e dell'interpretazione, si è sottolineata la difficoltà di trovare degli interpreti tra lingue poco parlate, l'obbligo di passare per lingue cardinali, i falliti del sistema, in particolar modo l'enorme ritardo acquisito per la traduzione in determinate lingue… Insomma, tutti sanno che l'uguaglianza tra le lingue è teorica e che si tratta d'un'amabile burla: tutte le lingue sono eguali, ma ve ne sono di maggiormente uguali delle altre.Questa situazione non è mai solo l'illustrazione d'una realtà mondiale, cioè di questo mercato delle lingue sul quale certe sono meglio quotate d'altre, per ragioni storiche, economiche, demografiche che è inutile ricordare qui. La seccatura è che l'evidenza dell'esistenza di tale mercato che s'impone all'Europa è negata dal discorso dell'Europa stessa, e che tale miopia, non può che rinforzare il mercato e condurre, entro un certo termine di tempo, alla dominazione di una sola lingua, l'Inglese. Gli uomini politici, che non necessariamente sono poliglotti, parlano ciò nonostante tutti il politichese, il che permette di dimenticare la realtà: troppo plurilinguismo istituzionale e costoso non può che condurre al monolinguismo.Il dossier è tanto più complicato quanto più la lingua è come un simbolo d’ identità, specialmente nei vecchi Stati Europei, dove si trova in uno stesso paradigma il nome del paese, quello della lingua e quello dei cittadini: in Francia, ci sono dei Francesi che parlano Francese, in Italia degli Italiani che parlano Italiano, […] ecc…Anche se questa serie si ferma alle frontiere del Belgio (i Belgi non parlano Belgio), qui si tratta di un'eguaglianza costitutiva del nostro modo di considerare i nostri rapporti con la nostra lingua: sono Francese dunque parlo Francese, sono Greco dunque parlo Greco, sono Maltese dunque parlo Maltese… E pazienza se questo “loquor ergo sum”, parlo dunque sono, deve portare alla supremazia dell'inglese.E' tuttavia ineluttabile?Nel 1994, durante gli accordi di Bretton-Woods, un certo numero di Paesi decideva d'organizzare il sistema monetario internazionale istituendo progressivamente una convertibilità di tutte le monete col dollaro (esso-stesso indicizzato sull'oro). Tre anni dopo, a Ginevra veniva creato il GATT (General Agreement on Tariffs and Trade), supposto gestire l'organizzazione mondiale del commercio a partire da alcuni principi fondamentali: non-discriminazione dei Paesi, eliminazione delle restrizioni limitative (vale a dire dei diritti di dogana), divieto delle pratiche di vendita sottocosto (dumping), regolamentazione delle sovvenzioni, ecc. Ora il versante linguistico della mondializzazione è un poco ad immagine dell'opposizione tra libero scambio e protezionismo: il libero scambio si traduce con la veicolarizzazione generalizzata dell'Inglese, mentre la lotta di alcune organizzazioni linguistiche (la Francofonia, l'Ispanofonia e la Lusofonia per esempio, che hanno intrapreso azioni comuni) è dalla parte d'un certo protezionismo linguistico. La grande differenza è che non c'é legislazione internazionale in quest'ambito, nessun “Bretton-Woods” linguistico. Lo status internazionale dell'Inglese non si basa su concertazione alcuna, su nessun trattato, su nessun accordo. Per uscire dal circolo vizioso nel quale si rinchiude l'Europa (difendere tutte le lingue e nel mentre condannarle a cancellarsi davanti all'inglese), circolo vizioso che fa credere alle “piccole” lingue che la loro salvezza consiste in una parità ingannevole con le “grandi”, bisognerebbe avviare una riflessione sull'organizzazione mondiale degli scambi linguistici, dirigersi in un certo qual modo verso un “Bretton-Woods” linguistico. L'Europa onorerebbe se stessa se si lanciasse in una tale riflessione, poiché agirebbe per tutte le lingue del mondo e non solo per le proprie. Louis-Jean Calvet, professore di linguistica all'università di Provenza. Ultima pubblicazione: Léo Ferré, edit. Flammarion, maggio 2003.

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Edizione originale:

Le versant linguistique de la mondialisation est à l'image de l'opposition entre libre-échange et protectionnisme.

Pour une organisation mondiale des langues

Par Louis-Jean CALVETToutes les langues officielles des 25 pays membres de l'Union européenne ont les mêmes droits, le même statut, ce qui pose un certain nombre de questions. Ce problème est à la fois une patate chaude que tout le monde se repasse et une bombe à retardement qui finira bien par éclater. On a souligné le coût élevé de la traduction et de l'interprétation, on a signalé la difficulté de trouver des interprètes entre des langues peu parlées, l'obligation de passer par des langues pivots, les ratés du système, en particulier le retard énorme pris pour la traduction en certaines langues… Bref, tout le monde sait que l'égalité entre les langues est théorique et qu'il s'agit là d'une aimable plaisanterie : toutes les langues sont égales mais il y en a de plus égales que les autres.Cette situation n'est jamais que l'illustration d'une réalité mondiale, celle de ce marché aux langues sur lequel certaines sont mieux cotées que d'autres, pour des raisons historiques, économiques, démographiques qu'il est inutile de rappeler ici. L'ennui est que ce marché qui s'impose à l'Europe est nié, contre toute évidence, par le discours de l'Europe, et que cette négation, ou cet aveuglement, ne peut que renforcer le marché et mener, à terme, à la domination d'une seule langue, l'anglais. Les hommes politiques, qui ne sont pas nécessairement polyglottes, parlent cependant tous la langue de bois, particulièrement en ce domaine, ce qui leur permet d'oublier la réalité : trop de plurilinguisme institutionnel et coûteux ne peut que mener au monolinguisme.Le dossier est d'autant plus compliqué que la langue est majoritairement vécue comme un symbole identitaire, singulièrement dans les vieux Etats européens, où l'on trouve dans un même paradigme le nom du pays, celui de la langue et celui des citoyens : en France, il y a des Français qui parlent français, en Italie des Italiens qui parlent italien, en Allemagne des Allemands qui parlent allemand, etc. Même si cette série s'arrête aux frontières de la Belgique (les Belges ne parlent pas belge), il y a là une égalité constitutive de notre façon de considérer nos rapports à notre langue : je suis Français donc je parle français, je suis Grec donc je parle grec, je suis Maltais donc je parle maltais… Et tant pis si ce «loquor ergo sum», je parle donc je suis, doit mener à la suprématie de l'anglais.Est-elle pourtant inéluctable ?En 1944, lors des accords de Bretton-Woods, un certain nombre de pays décidaient d'organiser le système monétaire international en instituant progressivement une convertibilité de toutes les monnaies avec le dollar (lui-même indexé sur l'or). Trois ans plus tard, à Genève, était créé le GATT (General Agreement on Tariffs and Trade), cen sé gérer l'organisation mondiale du commerce à partir de quelques principes fondamentaux : non-discrimination des pays, élimination des restrictions limitatives (c'est-à-dire des droits de douane), interdiction des pratiques de vente à perte (dumping), réglementation des subventions, etc. Or le versant linguistique de la mondialisation est un peu à l'image de l'opposition entre libre-échange et protectionnisme : le libre-échange se traduit par la véhicularité généralisée de l'anglais, tandis que le combat de certaines organisations linguistiques (la Francophonie, l'Hispanophonie et la Lusophonie par exemple, qui ont entrepris des actions communes) est du côté d'un certain protectionnisme linguistique.La grande différence est qu'il n'y a pas de législation internationale en ce domaine, aucun «Bretton-Woods» linguistique. Le statut international de l'anglais ne repose sur aucune concertation, sur aucun traité, sur aucun accord. Et lorsque certaines institutions internationales ont un règlement linguistique, elles ne le respectent pas.Pour sortir du cercle vicieux dans lequel s'enferme l'Europe (défendre toutes les langues et du même coup les condamner à s'effacer devant l'anglais), cercle vicieux qui fait croire aux «petites» langues que leur salut est dans une égalité trompeuse avec les «grandes», il faudrait entamer une réflexion sur l'organisation mondiale des échanges linguistiques, aller en quelque sorte vers un «Bretton-Woods» linguistique. L'Europe s'honorerait si elle se lançait dans une telle réflexion, car elle agirait pour toutes les langues du monde et pas seulement pour les siennes.Louis-Jean Calvet, professeur de linguistique à l'université de Provence. Dernier ouvrage: Léo Ferré, éditions Flammarion, mai 2003

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